Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme… Burn out et énergie.
Une des premières choses que l’on nous conseille quand on « tombe » en burn out c’est le repos. La jauge d’énergie est en permanence sur la réserve. On nous explique qu’il faut évaluer nos réserves au réveil et diffuser cette énergie avec parcimonie toute la journée. C’est probablement l’un des concepts les plus compliqués. Un burnie ne lâche pas prise. Un burnie c’est, par définition, un jusqu’au-boutiste qui a planifié trois journées en une et qui n’ira pas se coucher tant qu’il n’aura pas abouti sa to do list recto verso. Alors quand vous lui dites qu’il peut être très fier de lui quand il a fait une promenade de 20 minutes pour finir par une sieste de 3 heures, le burnie lui se déteste et se demande s’il pourra un jour redevenir « comme avant ».
Il m’aura fallu un long chemin pour réaliser que je n’aspirais pas à être « comme avant » mais bien « comme moi ». Je m’engageais alors sur le chemin de l’être.
Vient alors la seconde étape encore plus difficile. Moi qui m’étais éteinte au fur et à mesure que je devenais adulte. J’avais ravivé en moi un feu. Tout s’allume et tout fait vibrer. L’envie d’accomplir était plus que présente. Ma difficulté était non pas de jauger la quantité d’énergie au réveil mais d’évaluer la quantité consumée par une activité. Rencontrer quelqu’un pouvait un jour ne coûter qu’un dixième de mes réserves et l’autre jour en coûter le triple ne me laissant pour seule perspective dans ma journée que mon canapé. Commencer une journée avec ce feu qui brûle et l’impression que l’on va conquérir le monde ou plutôt « se » conquérir et terminer avec, à son actif, une activité somme toute banale pour les autres, participait à un cercle vicieux pour mon moral. « Fractionnez vos activités », « Après tout, votre burn out n’est pas si loin, il faut beaucoup plus de temps que cela pour s’en remettre », « Vous devez faire preuve d’auto-compassion », « Lâcher-prise », … Je hochais la tête. Ma raison savait que c'était juste mais mes tripes rugissaient d’impatience. Au final, une pensée « mais si je fais moins que cela,… je ne fais plus rien ! ». J’avais eu tellement d’énergie pour être quelqu’un d’autre, pour me conformer et maintenant que j’étais sur MON chemin, conduire mes enfants à l’école pouvait me mettre à genoux. (Et je ne parle pas de la culpabilité monstre d’être cette mère au foyer qui ne fait rien). Je regardais tourner le monde autour de moi. Je devenais un peu plus transparente parce que je n’avais rien à dire si ce n’est mes illuminations en séances de psychothérapie qui n’intéressent personne.
Et pourtant, tout ce temps était un temps où j’ai muri. J’ai changé mon paradigme, mes valeurs et je me suis entourée de personnes de cœur. J’ai appris un autre lexique. J’ai commencé à parler en m’enthousiasmant et avec foi. J’ai appris à oublier le regard des autres (still in process). J’ai appris à aimer que tout ne s’explique pas. J’ai même appris à m’aimer un peu chaque fois que je m’octroyais d’oublier un élément de ma to do list.
J’avais compris que je ne voulais plus paraître. À présent, j’apprenais que « faire » n’'est pas forcément « être ».
"J'attends d'être" A. Vande Woestyne
Merci ma patiente S.D. qui m'a incitée à signer de mon vrai nom
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